Le végétarisme, qu’est-ce que c’est ?


En 2013 j’abordais pour la première fois sur ce blog la question de mon équilibre alimentaire à la faveur d’une série d’articles sur les équivalences alimentaires en évoquant mon manque de connaissances concernant les protéines d’origine non animales. Mon rapport à mon assiette a ensuite bien évolué puisque je vous glissais un peu maladroitement à l’occasion d’un article sur les restaurants londoniens en 2015 que j’étais finalement devenue végétarienne. C’est donc après quelques années de réflexion que je publie de nouveaux articles pour ordonner un peu mes idées et faire le point sur mes positions.

Ayant régulièrement déménagé ces dernières années, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et mon choix de régime alimentaire est régulièrement sujet à conversations, voir même à débats. Je m’aperçois que des termes qui me semblent aujourd’hui parfaitement compréhensibles sont en fait très flous pour les personnes qui n’ont pas encore eu l’occasion de s’intéresser de près au sujet, ce qui peut occasionner des malentendus et des incompréhensions[1]. Je propose donc dans un premier temps de faire un arrêt sur les mots, car cela facilitera la communication pour les prochains articles.

petits cochons couchés
Crédit : Kameron Kincade, source : unsplash.com

Carnisme – carniste

Les gens qui aiment beaucoup manger de la viande disent parfois d’eux-mêmes qu’ils sont carnivores, mais on peut raisonnablement affirmer qu’une alimentation presque exclusivement carnée ne serait pas super pour la santé, (bonjour la digestion)[2]. En réalité l’être humain est omnivore, cela signifie qu’il se nourrit indifféremment d’aliments d’origine animale et / ou végétale.

Le terme carnisme a été forgé par Mélanie Joy en 2001, puis popularisé à la parution de son livre Why We Love Dogs, Eat Pigs and Wear Cows – An Introduction to Carnism (Conari Press, 2010)[3]. Le terme carnisme a une portée politique, puisque Joy parle bien d’un système idéologique. Il désigne tout simplement le fait de consommer de la viande.

☛ Pour en savoir plus :

Pescétarisme – Pescétarien·ne

Cette pratique alimentaire consiste à ne pas manger de viande, mais à accepter la consommation des produits de la mer (en gros on exclut les vaches ou les poulets, mais sus aux poissons et aux crustacés…). Je pensais que c’était plutôt rare, mais c’est un régime alimentaire que je croise de plus en plus souvent ces derniers mois. Il est sujet à d’importantes critiques avec des questionnements éthiques et pragmatiques : pourquoi arrêter de manger des animaux à part le poisson, qu’est-ce que cet animal aurait de moins que les autres ?

Cette pratique alimentaire est parfois connue sous le nom de pesco-végétarisme, ce qui occasionne parfois une confusion avec le régime végétarien. Il devient alors compliqué de faire respecter son végétarisme quand la majorité des gens croient dur comme fer que les végétarien·nes mangent du poisson.

La Vegetarian Society insistait particulièrement sur le sujet puisqu’en 2018 on lisait dès sa page de définition des termes une exclusion ferme des produits de la mer tels que les poissons et les crustacés, poussant la précision assez loin :

Shellfish are typically ‘a sea animal covered with a shell’. We take shellfish to mean ;

Crustaceans (hard external shell) e.g. lobsters, crayfish, crabs, prawns, shrimps

Molluscs (most are protected by a shell) e.g. mussels, oysters, winkles, limpets, clams, etc. Also includes cephalopods such as cuttlefish, squid, octopus.[4]

Flexitarisme – flexitarien·ne

Il n’existe pas à ma connaissance de définition précise du flexitarisme puisque le concept en lui-même repose sur la flexibilité et l’adaptation de chacun·e. En gros, on donne dans le flexitarisme quand on tend à réduire sa consommation de viande, ou lorsqu’on adopte un régime végétarien à la maison et qu’on s’autorise la chair animale dans les situations sociales (au travail, en famille, avec des ami· e· s…).

« Flexitarisme : omnivorisme déculpabilisant et fuite des responsabilités »

Voilà le résumé un peu sec d’une pensée assez largement partagée que j’ai pu lire un jour sur Twitter. Pour en savoir un peu plus concernant les critiques adressées au flexitarisme, je vous invite à lire cet article publiée dans Les Inrocks en 2015 : « Flexitariens, et si on arrêtait les flexiconneries ? ».

Le flexitarisme a fait couler beaucoup d’encre, pourtant je me garde bien d’y jeter la pierre. Dans mon expérience personnelle ça a été une étape de transition très importante que je ne renie pas, car sans cela je n’aurais jamais pu devenir végétarienne.

Végétarisme – végétarien·ne

Ce sont les personnes qui ne mangent pas d’animaux (pas de viande, pas de poisson, pas de fruits de mer et pas d’insectes. Nada.).

Ça c’est moi aujourd’hui ! Le passage du flexitarisme au végétarisme s’est fait si progressivement et naturellement pour moi que je serais bien en peine de vous dire à quel moment exact c’est arrivé, je dirais que la transition définitive s’est faite entre 2013 et 2014.

Végétalisme – végétalien·ne

Ce sont les personnes qui ne mangent pas ni d’animal, ni de produits issus des animaux. En gros les végétalien·nes excluent la chair animale, l’œuf, le lait ou même le miel (je sais que pour ce dernier cas il y a débat).

Véganisme – végane / vegan

Une personne végane se nourrit comme une personne végétalienne et étend son mode de consommation à tous les produits de la vie courante (laine, cuir, fourrure, produits testés sur les animaux tels que les cosmétiques, etc…).

Conclusion

Il me semble que nous avons là un petit lexique des termes de base concernant les différents régimes alimentaires les plus souvent rencontrés. Si certains termes vous semblent toujours flous ou expliqués de manière incomplète, posez vos questions et ajoutez vos remarques. Je suis à votre écoute !

A bientôt :)

☛ Notes :

[1] Petite pensée pour ces trois journées sinistres d’hiver où on ne m’a nourrie que de crudités parce que « les végétariens se mangent que des légumes crus » et où je n’osais trop rien dire parce que la situation à la base était déjà tendue et compliquée… (taux de malaise : 12/10, je ne recommande pas).

[2] « Cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée », Organisation Mondiale de la Santé, octobre 2015 [https://www.who.int/features/qa/cancer-red-meat/fr] (consulté en juillet 2020)

[3] Pourquoi nous aimons les chiens, mangeons les cochons et portons les vaches, Mélanie Joy, Éditions l’Age d’Homme, 2016.

[4] « What is a vegetarian? », Vegetarian society, [https://www.vegsoc.org/definition] (consulté en août 2018).


4 réponses à “Le végétarisme, qu’est-ce que c’est ?”

  1. Je trouve toujours difficile de justifier le végétarisme, les gens sont souvent désagréables avec la consommation d’œufs et de lait!
    Merci pour ce lexique ! :)

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    • Je crois que c’est assez typique des gens qui consomment de la chair animale de chercher à soulever le petit truc qui va te remettre en question dans ta pratique, il faut se dire que ça a plus à voir avec eux qu’avec toi… Mais je comprends l’agacement !

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      • Malheureusement, je trouve qu’on se tire énormément dans les pattes, comme si on voulait être le plus pur possible … Quand j’étais végé’, je recevais beaucoup de critiques, j’en avais nettement moins une fois végétalienne puis végane ! Même de la part d’omni’, comme si elleux trouvaient ça plus cohérent donc me faisait moins suer xD
        Mais c’est assez relou cette sorte de compétition, c’est clair …

        Et pour le pesco-végétarisme, pour beaucoup de gens, les poissons sont infinimment moins sensibles que les animaux terrestres, c’est tout ! On ne lie pas une amitié avec un bar alors qu’avec une vache ou un porc, c’est possible ^^ » après, côté douleur, y’a pas beaucoup de différences en effet, a priori …

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        • Je crois qu’il est assez juste de dire qu’on se tire énormément dans les pattes et que parfois il y a une course à la pureté…

          Aujourd’hui bien que végétarienne heureuse, j’ai conscience que ça reste encore un choix marginal. En Guyane la réalité alimentaire et les choix qui s’offrent à nous sont bien différents de la métropole et me poussent à mettre beaucoup d’eau dans mon vin. Le végétalisme est actuellement pour moi un objectif bien lointain.

          J’essaye depuis quelques temps d’écrire un article pour poser ces ressentis justement car l’alimentation c’est quelque chose qui touche à beaucoup de sphères différentes et très intimes. Parfois je rêve d’un végéta*isme « inclusif » qui n’oublie personne (comme par exemple les personnes avec des TCA).

          Merci beaucoup pour ton passage sur ce blog et tes longs commentaires constructifs, c’est vraiment très agréable de pouvoir échanger avec une personne qui s’intéresse à ces sujets et qui a un peu de bouteille :)

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